L’hydroponie simplifié est une technique de culture potagère développé au début des années 1980 en Amérique Latine afin de bénéficier des technologies hydroponiques modernes dans des contextes de ressources limités.
L’institut d’hydroponie simplifié du Mexique a débuté ses activités en 2002 par l’entremise de Peggy Bradley, spécialiste américaine en hydroponie. Depuis, l’IHS démarre une panoplie de projets dans l’optique de transmettre des technologies de production alimentaires intensives, accessibles et économique afin de contribuer à l’amélioration de la nutrition, la création de revenues et le développement humain. L’IHS atteint ces objectifs grâce à des dons et subventions gouvernementales, corporatives et privées.
L’institut se définie comme écologique et durable dans la mesure que ces techniques utilisent moins d’eau que l’agriculture conventionnelle et qu’a l’opposé de plusieurs entreprises hydroponiques commerciales, ne produisent aucun ou très peu de rejets. De plus, une micro-entreprise horticole peut remplacer d’autres sources de revenus moins durables tel la production artisanale de charbon dans la région de ‘el Encinal’.
L’institut propose deux modèles de cultures hydroponiques : les tables à racines flottantes et les tables de substrat inerte.
Les lits de cultures des tables flottantes sont construits de palettes en bois modifiés, imperméabilisé à l’aide d’une couche de plastique noire et remplie d’une solution hydroponique de synthèse spécialement conçue par l’institut. Une planche d’isolant perforé flotte en surface supportant les plants et assurant ainsi la présence permanente des racines en solution. Considérant que la solution doit être aérée manuellement et ce aux moins deux fois par jour, seul les laitues, le basilic et le céleri peuvent être porté maturité dans ces systèmes.
Les tables de substrat inerte sont construites de la même façon mais remplient d’un mélange de pierre volcanique et d’écailles de riz. La porosité de ce substrat assure une oxygénation permanente des racines permettant ainsi la culture de la majorité des légumes, du chou à la courge. La solution nutritive est irriguée en surface des lits a l’aide d’un arrosoir d’une a deux fois par jour.
La rentabilité d’un jardin familial est basée sur la constance du travail mais surtout sur l’efficacité du transplantage. La majorité des plants sont initiée dans de petit récipient remplie d’une version tamisée du substrat inerte situé dans une aire de semis protégé des intempéries et des insectes ravageurs l’aide d’un agrotextile. A l’apparition des premières vraies feuilles, les plantules sont transplantées dans une table flottante préparatoire pouvant accommoder jusqu'à 180 plants. Ici, les plantules s’alimenteront de la solution nutritive et s’adapteront au milieu hydroponique. Après environ deux semaines de croissance, les plants seront transplantés dans les lits de maturations. Ainsi, une seule table flottante préparatoire peut fournir 30 lits de maturation et ainsi assurer une production quotidienne de 10 laitues et crée un revenu considérable pour la femme de la maison.
L’institut d’hydroponie simplifié cible principalement des communautés défavorisées dans la région de Téhuacan. Il supporte autant des jardins collectifs de femmes, des familles pauvres cherchant à créer un revenu stable chez-soi et des écoles a la recherche d’une alimentation saine pour ses élèves. Bien que l’équipe travaille avec passion et sans repos, la durabilité des projets semble fortement liée aux enveloppes budgétaires de l’organisme et du support des partenaires financiers.
Durant mon séjour, j’ai non seulement pris connaissance des techniques de cultures de l’institut mais j’ai eu l’opportunité de visiter la majorité des projets qu’ils ont démarrés. Le début de l’année 2006 a été très difficile pour l’institut. Les gels ont ravagé plusieurs des jardins et la fin de plusieurs ententes financières a sévèrement réduit le support technique tant nécessaire a l’appropriation de l’hydroponie simplifié.
Bien que l’efficacité et les retombées possibles de l’hydroponie simplifié soient évidentes, aucun des projets visités n’était rentable ou en plein fonctionnement. En effet, tous les bénéficiaires des projets visités étaient en attente de matériaux de bases (fertilisant, semences, feuilles isolantes, ombrières, tamis) que pouvait leur offrir l’IHS. Cette problématique s’inscrit dans une dynamique sociale plus large. Les gestionnaires de l’IHS m’expliquent que l’autodétermination et la confiance affaibli par la corruption, la pauvreté et voir même les rechutes de la colonisation, ces gens ne sauront s’organiser qu’une fois avoir vécu les retombées possibles de l’hydroponie simplifié pour eux-mêmes. Voilà d’évidence une preuve de l’envergure du travail social à accomplir au Mexique.
Ceci étant dit, la lueur d’espoir dans les yeux de plusieurs, la curiosité et la passion que ce projet a suscité ainsi que la fierté de produire sa propre alimentation a ponctué ma visite des communautés affectées. De plus, je n’ai malheureusement pas pu visiter la communauté de Rancho Cabras ou les techniques de cultures sont soit disant bien établies et productives. D’ailleurs, le succès du travail dans cette communauté est souligné par le fait que plusieurs nouveaux jardins familiaux sont nés sans l’intervention de l’IHS.
Bien que la mission de sécurité alimentaire et les méthodes de l’IHS soient très similaires à ceux du projet des jardins sur les toits, les contextes locaux les différencient amplement. Les techniques de cultures hydroponiques de l’IHS sont spécifiques aux besoins des communautés mexicaines et potentiellement très efficaces dans ce contexte mais ne sont cependant pas transférables au Québec sans modifications importantes. Le besoin d’un jardin autonome et le désir grandissant de produire des légumes sans intrants chimiques soulignent cette incompatibilité. Néanmoins, le travail de l’IHS est honorable et devrait être appuyé dans la mesure du possible par nos organisations.
Haut de page Posté par mthom le Mer, 24/05/2006 - 3:04pm.